
Merci
Je ne sais pas combien de personnes autistes ont pu dire cela un jour, mais aujourd’hui, moi, je le dis : « Merci ».
Merci à celles et ceux qui m’ont offert un cadre de travail humain et respectueux. Merci à mes responsables, à mes collègues, à cette équipe qui m’a portée, soutenue, entendue.
Ce n’était pas une évidence. J’ai longtemps travaillé sans savoir que j’étais autiste. Je vivais les difficultés, les surcharges, les incompréhensions , sans explication claire. Mais jamais, je ne me suis sentie jugée. On ne comprenait pas toujours, c’est vrai, mais on ne m’a jamais rejetée. J’ai toujours ressenti de la bienveillance, du respect et un véritable effort pour me permettre de continuer.
Quand le diagnostic est arrivé, bien des choses ont pris sens. Il a été un tournant essentiel pour moi : comprendre mes différences, ce n’était pas m’enfermer dans une étiquette, c’était enfin pouvoir envisager des solutions adaptées.
Et là encore, on m’a suivie. On a entendu mes besoins, on a accepté mes propositions. On a su créer avec moi un environnement viable. J’ai eu droit à un bureau au calme, à des horaires adaptés, et même à un rythme très allégé à certains moments critiques.
Ce ne sont pas de petits gestes. Ce sont des aménagements vitaux, mais que très peu d’autistes obtiennent dans leur parcours professionnel.
Et j’ai eu plus que des aménagements.
J’ai eu de la confiance.
On m’a permis d’évoluer. De changer de voie. On a financé ma formation à un nouveau métier. On m’a accompagnée dans cette transition. On a reconnu mes compétences, mes projets, mon engagement. J’ai pu coordonner des actions nationales, animer des groupes de travail, construire des outils, innover. On m’a laissée apprendre à mon rythme. Travailler autrement. Exister telle que je suis.
Plusieurs personnes, engagées dans l’accompagnement de personnes autistes, m’ont dit que mon ancien employeur était un exemple d’inclusion réussie. Un véritable modèle.
Et plus le temps passe, plus je prends la mesure de cette réalité.
Car autour de moi, les témoignages d’échecs s’accumulent. Des ruptures. Des personnes exclues du monde du travail. Des diagnostics tardifs. Des cellules handicap dépassées, mal formées. L’inclusion reste une utopie sur le papier.
Et moi, j’ai tenu vingt ans. Vingt ans au même endroit. Vingt ans grâce à un tissu de relations humaines, à une volonté partagée d’adaptation mutuelle.
Je mesure aujourd’hui la chance que j’ai eue.
Alors oui, ce texte, je veux qu’il commence par un mot simple. Et fort.
Merci.

Pour transformer d’autres parcours en réussites
👉 Pour celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre les adaptations possibles pour les personnes autistes au travail, cet article résume très bien les aménagements à envisager :
Autisme et travail : quelles adaptations mettre en place ? – myRHline
Autistes : les accueillir en entreprise | Mon Entreprise Inclusive

