Fatigue,  Hypersensibilité,  Parentalité,  Surcharge sensorielle

Un peu de silence, beaucoup d’amour, et un corps qui s’épuise

Ma fille est partie deux semaines dans le cadre du Service National Universel. Une belle aventure pour elle, une parenthèse inattendue pour moi. Cela faisait longtemps que je n’avais pas passé autant de temps seule à la maison. Le premier jour, j’étais un peu déstabilisée. Il y avait un vide. Un silence inhabituel. Puis, progressivement, ce silence est devenu un allié.

Ces deux semaines ont été un bonheur. J’ai pu vivre à mon rythme, me recentrer, et faire bien plus de choses qu’à l’accoutumée. Cela m’a coûté de la fatigue, c’est inévitable. Mais j’ai pu m’adapter. Me déployer. Respirer autrement.

Et puis elle est rentrée.

C’était si bon de la retrouver, d’écouter le récit de son expérience, de la voir rayonner. Elle m’a partagé avec enthousiasme chaque moment marquant de son séjour. C’est une joie immense de voir son énergie, son bonheur.

Mais voilà : cela fait à peine 24 heures qu’elle est là, et je suis épuisée.

Ma concentration est défaillante. Je n’arrive plus à m’organiser. Le moindre bruit me traverse comme une lame. Je suis dépassée par tout. La fatigue me submerge. Les rituels d’adaptation que j’avais mis en place s’effondrent.

Je sombre dans une sieste forcée en fin de journée, incapable de passer une soirée éveillée. Et le lendemain, je me lève tard, engourdie, avec une migraine installée comme un verrou sur mes pensées.

Aujourd’hui, c’est la fête des pères. Ma fille est partie retrouver son père pour la journée.

J’aurais voulu profiter de cette journée pour retrouver un peu de clarté, de légèreté, et l’énergie des deux semaines précédentes. Mais non. La migraine est toujours là. Je ne supporte plus la lumière. Je ne supporte plus le bruit. Je passe l’après-midi dans mon refuge, allongée dans le noir et le silence, en attente. En attente que mon cerveau sorte du brouillard.

Ce soir, elle va rentrer. Je vais rassembler ce qu’il me reste d’énergie. L’accueillir, dîner ensemble peut-être… Puis me coucher tôt, encore. Pour essayer de récupérer. Et être en forme – du moins fonctionnelle – pour aller travailler demain.

Ce n’est pas de l’indifférence. C’est de l’adaptation.

Ce témoignage n’est pas une plainte. Il dit simplement l’écart entre l’amour et l’épuisement. Entre la joie de retrouver un proche et le besoin vital de réguler les stimulations. Entre l’attachement sincère et les limites neurologiques.
C’est cela aussi, vivre avec un handicap invisible. C’est aimer sans pouvoir toujours suivre. C’est faire des choix d’énergie. C’est avoir besoin de solitude pour pouvoir être en lien.

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